Mais alors Madame, on est tous les gagnants de la course !
Ça, c’est la réflexion – les yeux remplis d’émerveillement – de 75% des garçons de 6ème que je rencontre lors des séances d’EARS[1], après avoir vu un passage de l’Odyssée de la vie[2], pour leur parler de la beauté de leur corps.
C’est que bien souvent, ils ne se rendent pas compte de cette beauté intrinsèquement liée à leur dignité de personne humaine. Et ça, c’est le cœur de la mission de l’EARS : l’Education à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle.
Nous autres, éducateurs, nous sommes un peu comme des jardiniers. Les petites plantes, graines d’enfants qui nous sont confiées, ont un potentiel immense de développement, car ce potentiel est lié à un besoin de beauté, de bonté, et de vérité déposé dans leur cœur par le Créateur.
Notre boulot, à nous, est de veiller à ce qu’elle puissent, ces petites graines, être plantées dans un bon terreau, avec le bon ensoleillement, la bonne humidité, les bonnes conditions qui leur permettront de devenir pleinement ce qu’elles sont en germe au début de leur croissance : des personnes libres, c’est à dire en capacité de choisir ce qui est profondément bon pour eux, ce pour quoi ils sont faits.
Éduquer à la vie Affective, Relationnelle et Sexuelle, c’est être au service de quelque chose qui nous dépasse, et qui touche au mystère de toute personne humaine : la réalisation pleine et entière de sa vocation à l’Amour par le biais d’un développement psycho affectif le plus harmonieux et serein possible.
Alors c’est vrai, c’est un acronyme un peu bizarre, tout droit sorti du ministère de l’égalité, dont la dernière lettre accroche souvent les oreilles de celles et ceux qui le découvrent, (autant du côté des parents que de celui des enfants !). Car parler de sexualité dans une société en perte de repères demande beaucoup de délicatesse et de prudence, d’écoute surtout, pour ne pas passer à côté de ce que vivent les jeunes. Cette mission est essentielle et elle est exaltante !
Notre message de base est simple : chacun est unique car il a un corps, une intelligence, une affectivité et une conscience absolument uniques au monde et irremplaçables. Or ces différentes dimensions de la personne humaine ne sont pas toujours d’accord entre elles. Notre expérience commune nous le montre, nous sommes constamment tiraillés entre nos désirs profonds et nos pulsions, ou bien des émotions qui peuvent parasiter notre faculté de réflexion dans certaines situations (« J’en ai gros sur le Cœur! »). Le chemin de la liberté consiste à trouver les moyens de cette unification, au fur et à mesure que l’on grandit, que notre Corps change, que notre Cœur aussi, et Que notre esprit critique se développe.
Alors concrètement, qu’est ce qui se vit en EARS dans le diocèse ?
Nous rencontrons des élèves de maternelle, 1er et 2nd degrés, en séparant souvent filles et garçons pour permettre une parole libre, sur tous les sujets qui touchent à la vie, à l’amour, à la sexualité, à l’estime de soi, à la confiance en soi. Nous cherchons vraiment à être en alliance éducative avec les parents, premiers éducateurs de leurs enfants, dont la parole sur ces sujets est très importante. Les séances, leur fréquence, et bien sûr, les thèmes abordés sont adaptés à l’âge des enfants.
Nous travaillons en équipe pour continuer de nous former sur tous les sujets de l’EARS, ce qui est une richesse immense, mais les besoins sont immenses aussi. Une formation a d’ailleurs lieu tous les ans pour renforcer l’équipe et répondre aux demandes de plus en plus nombreuses (pour tout renseignement, contacter Magali Menut : ears@ec83.com).
Marie Lafontaine, heureuse éducatrice à la Vie.
[1] Éducation affective, relationnelle et sexuelle
[2] Film sur la reproduction humaine