La Toussaint
Au cœur de l’automne, l’Eglise nous invite à élever nos regards vers le ciel avec la célébration de la fête de la Toussaint. « Recherchez les choses d’en-haut », nous dit saint Paul… Nous n’avons pas ici de demeure définitive et notre cité se trouve dans les cieux ! L’expression utilisée quotidiennement lors de la messe « Elevons notre cœur… Nous le tournons vers le Seigneur » prend tout son sens : nos cœurs, accaparés par les multiples occupations quotidiennes et les soucis de la vie, ne sont pas toujours bien orientés. « Hauts les cœurs, relève la tête, souviens-toi de ta vocation, de la Terre sainte à laquelle tu as été appelé ! »
Chaque année, nous essayons de mieux comprendre ce qui fait la sainteté d’une personne. Nous avons bien saisi qu’il ne s’agissait pas d’être doué de capacités extraordinaires et d’opérer des prodiges, qu’il fallait surtout essayer de parcourir humblement un chemin, une « petite voie » où l’amour est le moteur qui fait avancer et que le saint est d’abord un pécheur pardonné.
Seulement, donner et adopter des saints comme exemples correspond à un besoin profondément enraciné en nous : celui d’avoir des modèles. Cela fait aussi partie de la construction de notre personnalité de pouvoir nous appuyer sur des personnes que nous puissions admirer, suivre et imiter. Rien n’y fait : même la revendication farouche de la liberté, si chère à la jeunesse, se heurte à la réalité où les coachs sont désormais présents dans tous les domaines de notre vie (sport, nourriture, métier, prière…). On s’affranchit des maîtres et des contraintes, mais on écoute religieusement les influenceurs. C’est même devenu un métier…
On sait combien les différents scandales qui secouent l’Eglise ont fait vaciller la confiance que l’on plaçait dans les grandes figures morales et spirituelles. On est désormais plus conscient de la nécessité de ne pas les idolâtrer, ou peut-être tout simplement de ne pas les canoniser de leur vivant. En effet, un saint, en tous cas celui reconnu comme tel par l’Eglise, est déjà mort. La sainteté est donc un cheminement jamais achevé ici-bas, une qualité jamais acquise définitivement. Oui, les saints ont emprunté le même chemin que nous, ont connu les mêmes difficultés. Ils ne se sont pas découragés face à cette belle et haute vocation. Si le saint a un passé, le pécheur, lui, a un avenir.
Florence Perucca, Animatrice pastorale & Père Louis-Marie Guitton, Aûmonier diocésain à la DDEC