Pèlerinages et pèlerins
Jeudi 28 janvier, nous étions une soixantaine, réunis à l’Externat Saint Joseph pour notre session consacrée au « fait religieux », tradition bien établie qui réunit enseignants et personnels de l’enseignement catholique diocésain. Heureux de nous retrouver, après une interruption d’une année pour cause de confinement.
La Mecque, Rome ou Jérusalem… ces noms évoquent des lieux emblématiques de pèlerinage. Jérusalem trois fois sainte voit affluer vers elle juifs, chrétiens et même musulmans.
Étymologiquement le « peregrinus » c’est celui qui est porté au loin, qui va vers un lieu sacré, son déplacement, sa marche constitue un acte spirituel ; n’a-t-on pas coutume de dire un peu trivialement que le pèlerinage c’est la « prière des pieds » ?
Comment juifs, chrétiens et musulmans ont-ils vécu cette expérience, sont-ils devenus des marcheurs de Dieu ?
Le Rabbin Jonas Jacquelin, honneur aux aînés, nous a entraînés vers les fêtes de pèlerinage : de la montée au Temple à la ritualisation de la mémoire. Aux temps bibliques, la Loi voulait que les Enfants d’Israël se rendent au Temple à trois reprises chaque année afin d’y offrir un sacrifice. On parle alors de fêtes de pèlerinage. Comment faire alors en l’absence de Temple ? La tradition rabbinique a élaboré des rituels qui commémorent et célèbrent la mémoire de ces moments et inscrivent dans la vie quotidienne le souvenir d’une histoire ancienne.
Jean Guyon, archéologue et historien, nous a conduit aux sources du pèlerinage chrétien en Occident, afin de découvrir qui sont les pèlerins et quelles sont leurs dévotions à Rome et en Gaule pendant l’Antiquité ?
Sa présentation richement illustrée a permis de découvrir à travers les vestiges, objets et reconstitutions, la richesse et l’importance des sanctuaires voués aux pèlerinages antiques.
Le Frère Emmanuel Pisani nous a fait parcourir la péninsule arabique, soulignant que le pèlerinage fait partie des piliers de l’Islam. Il a distingué le petit et le grand pèlerinage. Il se fait selon la tradition dans le lieu où vécurent Adam et Ève. On ne sera donc pas étonné de rencontrer Satan sur la route de ce chemin, et bien d’autres embûches qui nécessitent une préparation du cœur, de l’âme et du corps. Un chemin de conversion, de transformation au bout duquel on devient un « hajj ».
Enfin Hazem Hidriss, spécialiste du 7ème Art, s’est interrogé sur la représentation du pèlerinage dans les fictions cinématographiques. Il a mis en lumière que le cinéma occidental ne s’était finalement pas intéressé à l’expérience spirituelle du pèlerinage, et ce tant pour ce qui concerne les histoires des films que leur langage cinématographique.
Cette journée, je l’espère, nous aura permis de nous évader sinon physiquement du moins intellectuellement, spirituellement vers d’autres lieux et temps.
Je voudrai remercier ici, tous ceux qui la rendent possible et plus particulièrement les conférenciers et participants qui en ces temps difficiles, aux contraintes nombreuses, ont fait preuve d’une belle fidélité.
Aussi à l’année prochaine…
L Roos Jourdan